Avec ce nouvel article, je vous propose de compléter notre serie et d’explorer de nouveaux biais cognitifs qui influencent nos comportements et nos décisions de manière subtile et parfois trompeuse. Je le redis, comprendre ces biais est essentiel pour développer une meilleure compréhension de nous-mêmes et des autres, et pour améliorer notre prise de décision au quotidien. C’est donc parti pour une troisième série !
L’effet de faux consensus : « Tout le monde pense comme moi »
L’effet de faux consensus est la tendance à surestimer la mesure dans laquelle nos opinions, nos croyances ou nos comportements sont partagés par les autres. Nous pensons souvent que notre manière de voir le monde est la norme.
Biais d’optimisme : « Cela n’arrivera pas à moi »
Le biais d’optimisme est la tendance à croire que nous sommes moins susceptibles que les autres d’expérimenter des événements négatifs et plus susceptibles de vivre des événements positifs.
L’adage que tout le monde connais et qui se cache derrière ce biais est « ça n’arrivera qu’aux autres ».
Bon nombre de fumeurs sont persuader qu’ils ne développeront pas de maladies liées au tabac, même s’ils connaissent les statistiques.
Effet de familiarité : « Ce qui est familier est mieux »
L’effet de familiarité se produit lorsque nous avons tendance à préférer quelque chose simplement parce que nous le connaissons déjà, même sans preuve de sa qualité.
Vous avez l’habitude de prendre le même plat lorsque vous allez au restaurant asiatique ou indien, ou la même boisson au bar. Cela arrive simplement parce que les autres plats de la cartes ou les autres boissons vous semble inconnus et moins bons.
Ce biais peut nous empêcher d’essayer de nouvelles choses, de faire des découvertes enrichissantes, ou d’améliorer notre efficacité au quotidien.
Biais d’effet Barnum : « Tout est lié à moi »
Le biais d’effet Barnum est la tendance à croire que des déclarations générales et vagues sont spécifiquement adaptées à soi, comme les publicités, les horoscopes ou les tests de personnalité.
Ce biais nous rend plus vulnérables aux manipulations, que ce soit par des charlatans ou par des gourous du marketing qui exploitent nos besoins de validation personnelle.
Biais de disponibilité : « Ce qui est facile à rappeler est vrai »
Le biais de disponibilité est la tendance à évaluer la probabilité d’un événement en fonction de la facilité avec laquelle des exemples nous viennent à l’esprit.
En France (et dans la plupart des pays), la probabilité d’avoir un accident de voiture ou même de train est beaucoup plus élevée que celle d’un accident d’avion. Les accidents d’avion sont très rares, mais comme ils sont souvent spectaculaires et largement couverts par les médias, ils restent plus marquants dans notre esprit. C’est ce qui conduit au biais de disponibilité, où on pense que quelque chose est plus fréquent simplement parce qu’on en entend souvent parler.
En réalité, l’avion est l’un des moyens de transport les plus sûrs!
Biais du survivant : « Se concentrer sur ceux qui ont réussi »
Le biais du survivant est la tendance à se concentrer sur les personnes ou les choses qui ont « survécu » à un processus, en ignorant ceux qui ont échoué.
Environ 70 à 80 % des start-ups en France échouent dans les cinq premières années. Malgré cela, nous entendons surtout parler des réussites : BlaBlaCar, Doctolib, Deezer, etc. Ces exemples de start-ups qui réussissent sont médiatisés et deviennent des sources d’inspiration pour d’autres entrepreneurs. Cela crée l’illusion que la création d’une start-up est souvent couronnée de succès, alors que la majorité des start-ups n’atteignent jamais ce niveau de réussite. Les milliers de start-ups qui ferment n’attirent pas l’attention, ce qui nous donne une vision biaisée de la réalité.
Cet exemple montre que le biais du survivant nous amène à ne pas voir la réalité dans son ensemble. En voyant uniquement les exemples des entreprises qui ont survécu, nous sous-estimons les risques, alors que les statistiques montrent que l’échec est bien plus fréquent que ce que l’on imagine.
Biais de projection : « Les autres ressentent la même chose que moi »
Le biais de projection est la tendance à supposer que les autres partagent nos émotions, nos pensées et nos motivations.
Je suis un grand fan de musique électronique, et plus particulièrement de hardcore. Pour moi, c’est une explosion d’énergie : les BPM qui s’enchaînent, les drops qui me donnent des frissons, cette intensité qui te prend aux tripes… Bref, du pur bonheur, surtout a 6h du matin dans les transports!
Pour certains, la musique électronique, et encore plus le hardcore, c’est juste du « boum boum » incessant, voire « de la musique de malade ». Ça me surprend toujours un peu, parce que, de mon côté, j’entends la mélodie, les rythmiques.
Ce biais nous pousse à penser que les autres vont forcément ressentir la même chose que nous.
On peut être super enthousiaste à l’idée de partager quelque chose qu’on aime, mais il faut aussi accepter que cela ne touche pas tout le monde de la même façon. Et c’est là toute la beauté de la diversité humaine : chacun vibre au rythme de sa propre musique, qu’elle soit électronique, classique ou même silencieuse (par contre pour Jul, c’est sans façon hein!).
Biais de fixation : « Rester bloqué sur une première idée »
Le biais de fixation consiste à se focaliser sur une première idée ou solution, et avoir du mal à envisager d’autres alternatives.
Imaginez que vous deviez remplacer votre voiture. Dès que vous voyez un modèle, vous êtes séduit par sa couleur et son design, et vous êtes convaincu que c’est la meilleure option (et en plus c’est une voiture électrique). Pourtant, vos amis et votre famille vous suggèrent de vérifier d’autres voitures qui ont de meilleures caractéristiques et sont plus abordables. Mais vous restez obstinément fixé sur votre première option, même si cela n’est peut-être pas le choix le plus raisonnable.
Je dois l’admettre, ça m’est arrivé plus d’une fois, surtout quand je me lance dans des projets techniques qui me passionnent. Une fois que je me fais une idée, il est difficile de me faire changer d’avis. Mais prendre conscience de ce biais, c’est aussi apprendre à être plus ouvert, à écouter les conseils des autres et à accepter que notre première idée n’est pas toujours la meilleure.
Effet de contraste : « Comparer pour donner du sens »
L’effet de contraste c’est la tendance à évaluer ou à juger quelque chose en fonction des comparaisons avec d’autres éléments disponibles à ce moment.
Imaginez que vous êtes dans un restaurant et que vous consultez la carte des vins. Le serveur vous présente d’abord une bouteille très coûteuse à 100 euros. Ensuite, il vous en propose une autre à 40 euros. Tout à coup, cette deuxième bouteille vous semble bien plus raisonnable, presque une bonne affaire, alors qu’en réalité, elle est encore deux fois plus chère que ce que vous prévoyiez de dépenser au départ.
Notre cerveau a tendance à évaluer les choses en fonction de comparaisons immédiates. Après avoir vu une première option extrêmement chère, la deuxième, même si elle reste au-delà de votre budget, semble plus abordable.
Ce phénomène influence nos décisions sans que nous nous en rendions toujours compte, notamment dans nos achats quotidiens ou lors de situations où des alternatives sont présentées successivement.
Biais de persévérance dans la croyance : « Refuser de changer d’avis »
Ce biais est la tendance à maintenir une croyance même lorsque des preuves contraires sont disponibles.
Imaginez cet ami persuadé que les voitures électriques sont moins fiables que les voitures à essence et tout autant coûteuses.
Même lorsqu’il est confronté à des statistiques récentes montrant que les voitures électriques ont moins de problèmes mécaniques, ont un entretien moins onéreux, il reste convaincu de leur manque de fiabilité. Pourquoi ? Parce qu’il a entendu des histoires d’une ou deux personnes ayant des soucis avec leur batterie, et cela a confirmé son opinion initiale.
Admettre que les voitures électriques sont en réalité tout aussi fiables, voire plus, reviendrait à remettre en question son point de vue de longue date, et cela peut être difficile à accepter.
Biais de récompense immédiate : « Je veux tout maintenant »
Le biais de récompense immédiate se manifeste par notre tendance à préférer les gratifications immédiates plutôt que des récompenses futures, même si ces dernières sont plus importantes.
Prenons un enfant à qui l’on propose un choix : il peut manger un bonbon tout de suite, ou attendre 1 heure et en avoir deux.
La plupart des enfants auront du mal à résister et choisiront le bonbon immédiatement, même si attendre leur permettrait d’avoir une récompense plus grande. Le plaisir instantané est plus tentant que le bénéfice futur, même si ce dernier est plus intéressant, et je suis sur que c’est arriver à beaucoup d’entre vous.
Ce biais est en effet très fréquent, surtout dans notre société moderne où tout semble disponible instantanément. Pour le surmonter, il est souvent utile de se fixer des objectifs clairs et de se rappeler des bénéfices à long terme.
Le biais de complaisance : « C’est la faute des autres, pas la mienne »
Le biais de complaisance consiste à attribuer nos réussites à nos compétences personnelles, mais à rejeter la faute sur les autres ou les circonstances en cas d’échec.
Celui-ci, je suis sûr qu’il vous rappelle quelqu’un et que vous avez déjà sûrement travailler avec lui.
Lorsque tout se passe bien, il s’attribue tout le mérite, en parlant de son travail, de son organisation, ou de son leadership. Mais dès que les choses tournent mal, il est le premier à blâmer les autres membres de l’équipe, les circonstances ou le manque d’efficience ou de ressources.
Ce biais permet de protéger les personnes avec un fort ego, en leur donnant toujours le beau rôle.