Le psychanalyste Fethi Benslama, qui plaide pour un islam démocratique (Déclaration d’insoumission… Flammarion), exhorte, lui, les musulmans à se regarder dans le miroir danois:
Si le Prophète de l’islam est l’objet de caricatures, c’est que des musulmans l’ont rendu “caricaturable”, parce qu’ils ont accompli les pires exactions en son nom.
Il se dit aussi «sidéré» que des musulmans protestent contre ces dessins, et non contre les gens «qui, au nom de l’islam, égorgent devant les caméras de télévision et tuent des centaines de personnes par leurs bombes. Où sont les belles consciences?»
Quand, en 2003, l’Autrichien Gerhard Haderer avait été condamné par un tribunal grec à six mois de prison (offense aux mœurs publiques) pour avoir caricaturé Jésus en surfeur drogué dans un album de bandes dessinées, la communauté européenne avait protesté. Face à des leaders musulmans qui mettent de l’huile sur le feu en affirmant que «tout musulman est devenu une bombe aux yeux de l’opinion publique», face à des foules hurlantes qui prétendent punir des peuples entiers pour un dessin, les réactions des politiques en Europe frappent par leur embarras.
La planète est désormais une tour d’HLM mal isolée: ce voisin qu’on envie, il faut le diaboliser, l’humilier. Face à des masses musulmanes qui, comme le dit Fethi Benslama, «n’ont aucune idée de ce que signifie la liberté d’expression», les excuses présentées par le Jyllands-Posten, le 30 janvier, sont destinées à calmer le jeu. Elles constituent pourtant une défaite.
Propos de Jacqueline Remy pour l’Express